samedi 1 février 2014

Comment démarrer un potager? Ressources

Un mois s'écoule, le temps est très pluvieux, j'en profite pour me documenter! C'est vrai ça, comment on débute un potager? Même si j'ai souvent vu ma mère travailler à son potager, je ne sais pas comment on commence... Comment vais-je désherber? Faut-il passer un motoculteur (moi qui n'aime pas les machines, ni la terre retournée)? De quelle surface vais-je avoir besoin? Comment organiser le potager?

Je décide de lire! C'est mon passe-temps préféré, et j'ai des livres sur le jardinage que j'ai achetés il y a un petit temps mais que je n'avais pas encore ouverts...


Fabien, mon coloc de jardin, me prête "Créer son potager"de Jean-Luc Danneyrolles. J'ai dévoré ce livre, il est très... poétique! Voilà, ça me donne le ton de mon aventure: je ne cherche pas à produire, mais à m'élever, grandir, m'épanouir en cultivant, en me faisant plaisir, dans le respect de la nature que je viens occuper. Après la lecture de ce livre, je suis en mesure de dessiner ce que je souhaite comme potager (je n'ai pas de talent de dessinatrice, mais j'aime exprimer mes idées par un croquis). L'idée ce que j'ai envie d'une allée centrale plutôt que de marcher sur les côtés de la restanque, le long des murs, parce que mon petit assistant (mon fils) n'a que 15 mois et que les murs sont vachement hauts, je n'ai pas envie de le voir tomber!! 



Je lis "Le jardinier-maraîcher". Ce "manuel d'agriculture biologique sur petite surface" est très intéressant, très bien écrit. Il s'adresse plutôt à des professionnels, mais j'en retire quelques bons conseils, dont la culture sur buttes, la densification des cultures pour éviter les espaces vides - qui se remplissent sinon de mauvaises herbes, la rotation des cultures, les plans et calendrier de culture (afin de ne pas laisser d'espace non exploité, tout est planifié à l'avance), l'utilisation d'outils simples, etc. Ce livre donne envie de se lancer comme maraîcher, à sa façon (jardinier-maraîcher)! Enfin, je n'en suis pas là, je vais d'abord commencer par faire mon premier potager! :-)




Ensuite je dresse la (longue) liste des légumes que j'aimerais cultiver, avec le livre "Le grand guide du nouveau potager" qui traite de façon assez détaillée un grand nombre de légumes, fruits, aromatiques.

Je contacte aussi Sylvaine Anani de l'association Les Mains Sages, qui organise des formations de permaculture. Elle vient voir le terrain, m'explique comment commencer les buttes... Elle me dit que je peux soit couvrir les herbes avec des couvertures pendant 3 semaines afin de pouvoir désherber (comme conseillé aussi dans "Le jardinier-maraîcher"), soit je passe le motoculteur, ce qui va ameublir la terre et m'aider pour faire mes buttes. Elle me conseille d'organiser un chantier participatif pour construire les buttes, afin que des amis viennent m'aider et que ce soit fait rapidement... Elle me conseille aussi plein de ressources sur Internet, dont cette vidéo de Emilia Hazelip que j'ai trouvée très instructive et très agréable à regarder!! Vraiment s'il n'y a qu'une vidéo à voir, c'est celle-ci!

http://www.dailymotion.com/video/x13pc96_permaculture-le-jardin-d-emilia-hazelip_webcam

Dans cette viédo, Emilia Hazelip rappelle les principes de base:

- AUCUN TRAVAIL DU SOL, le sol travaille de lui-même
- AUCUN APPORT DE FERTILISANT, la terre se nourrit par la biomasse des déchets du sol
- AUCUN TRAITEMENT DE SYNTHÈSE, on introduit des prédateurs
- AUCUN TASSEMENT DU SOL, en évitant de le compacter, le sol s'aère de lui-même

Pour la mise en place du potager, elle conseille de labourer et de délimiter les buttes et les couloirs et avec une pelle, de prendre la terre des couloirs pour la mettre dans l'espace réservé aux plantes, afin de créer des buttes. Ensuite avec un râteau on égalise et on enlève les cailloux. Après on couvre les buttes de mulch. Le mulch peut-être composé de n'importe quelle substance biodégradable (papier, carton, laine, paille, tonte d'herbe, broyat forestier...) Le sol est toujours couvert dans la nature (feuilles, détritus forestier, couverture végétale...). Si on met un mulch de paille, on le maintient avec des bâtons en cas de vent. Une autre façon de préparer la terre, sans avoir à préparer le sol, est de le couvrir avec des cartons ou des couvertures, et ainsi de faire disparaître la végétation en place.

On met des légumineuses (fèves, petits pois, haricots...) sur les bords des plate-bandes (ou buttes) pour fixer l'azote. Une fois la cueillette terminée, on fauche la plante et on la laisse sur place comme mulch. Les racines, elles, restent dans le sol et se décomposent.

On plante aussi des alliacés sur les côtés des plate-bandes (oignons, ail, poireaux) car ces plantes protègent les autres cultures.

La première année le sol a été travaillé pour faire les plate-bandes, il y a donc du désherbage à faire. Mais chaque année, tant qu'on ne touche pas à la terre, le désherbage diminue.

On "invite", introduit des prédateurs: hérissons, lézards, orvets, crapauds, grenouilles, etc qui mangent les limaces.

On ajoute des plantes bénéfiques aux cultures: les soucis protègent toutes les plantes, mais surtout les tomates, les pommes de terre, et on peut les manger. D'autres plantes bénéfiques: absinthe, citronnelle, capucine,... Les œillets d'Inde, ainsi que lavande, cosmos, pavots sont également bénéfiques à tout l'ensemble du système. Les fleurs attirent des insectes pollinisateurs ainsi que des prédateurs bénéfiques.

Un autre partenaire dans la fertilisation du sol est le lombric qui se nourrit des plantes mortes (feuilles, tiges et racines) et qui est le principal producteur de terre végétale.

On cueille les légumes en les coupant à la base (les légumes dont on n'utilise pas la racine) et on laisse les racines dans le sol. Cela sert à nourrir les habitants du sol et donc à créer de l'humus microbien.
Parfois les plantes se resèment d'elles-mêmes, lorsqu'on leur permet de finir leur cycle végétatif. On peut les transplanter dans les endroits où on veut pour leur culture. La laitue par exemple, coupée, repousse et monte en fleur et fera des graines. Les plantes qui fournissent les légumes sont coupées et laissées comme mulch et les mauvaises herbes sont arrachées, laissées faner dans les couloirs puis remis sur les plate-bandes en tant que mulch. Tout ce qui pousse dans le jardin peut être utilisé comme mulch.

En automne, les cueillettes d'été touchent à leur fin et on repique des poireaux et des salades parmi les vieilles plantes qu'on laisse continuer leur croissance, aller à maturité, finir leur cycle végétatif, monter en graine... A côté d'elles, on met de nouvelles plantes. C'est un système constant, le sol n'est jamais laissé sans plante ou sans racine (qui sont nécessaires au sol comme le soleil l'est aux plantes). Plus il y a de diversité dans les plantes, mieux ce sera. On permet aux plantes de mourir et de se décomposer là où elles ont vécu. Il faut toujours laisser la partie de la plante qui ne nous est pas utile sur place pour s'intégrer au sol. Ne rien enfuir, les racines nourrissent le sol et les parties aériennes des plantes couvrent la terre comme un mulch. Cela suffit pour maintenir le sol vivant. Le sol sait se nourrir de lui-même. Le gaver n'amène que des problèmes d'indigestion et des maladies pour les plantes.



Je me suis aussi documentée sur le site de Richard Wallner, auteur du livre "Manuel de cultures sur buttes", son site est plein de ressources. Il offre à tous des résumés et comptes-rendus de ses expérimentations sur son écolieu Au Petit Colibri. 

Voici ce que je retiens de ce que Richard Wallner suggère:
- planter fèves et pois en septembre/octobre permet d'apporter l'azote pour les cultures de mai/juin
- planter lors de ces 2 époques de l'année permet d'avoir constamment des racines (mortes et naissantes) dans le sol.
- ne pas arracher les racines
- ne pas cultiver le même légume deux ans de suite au même endroit
- mélanger les cultures (surtout éviter la monoculture sur une butte)
- ajouter des aromatiques en bout de butte
- pour planter, ne pas enfoncer dans la terre mais juste à la surface et remettre le mulch, idem pour semer: poser les graines sur la terre et remettre le mulch.
- utiliser la vesce (en hiver), consoude, et la luzerne (vivace) comme engrais vert, qui vont fertiliser en azote, les faucher et laisser comme mulch.
- les carottes et les panais sont des légumes qui posent problème car on arrache la racine. Important d'alterner leur présence d'une année sur l'autre pour préserver la vie du sol.
- œillet et soucis sont vivement recommandés (1 pied par mètre)
- il détermine 3 zones sur une butte:
> la ceinture de protection: qui permet de protéger les cultures grâce à la présence d'alliacés (ail, poireaux, oignons, échalotes) en association avec les salades, blettes, fraise, mâche, épinard, radis...
> la bande: le dessus de la butte, pour les carottes, betteraves, navets, panais, haricots... (en alternance avec les choux, céleri, poivron, aubergine...)
> les allées: pour fertiliser (luzerne, consoude) et couvrir la butte.
- éloigner: alliacés et fève; courgette et maïs; légumes et fenouil
- associer: chou et céleri; laitue et poireau; chou et haricot; chou et tomate; fraise et alliacés; chou et soucis; tomate et soucis; tomates et maïs; légumes et légumineuses
- éviter de replanter deux années de suite au même endroit les légumes de la même famille (pour cela on rassemble chou-navet-radis ou blette-épinard ou courge-courgette ou tomate-poivron-aubergine) ou les légumes racines longs (pour cela on rassemble carottes-panais-salsifis)

Une autre vidéo très intéressante, mais qui sera pour une prochaine étape me concernant, c'est Philip Forrer qui explique comment créer une butte faite de bois mort, de tontes de pelouse, de déchets de cuisine, etc.




J'ai aussi lu "Je démarre mon potager bio" aux Éditions Terre Vivante. Petit guide pratique, très synthétique, donc n'apporte rien de plus par rapport à ce que j'ai déjà lu.

Ensuite je décide de lire "La révolution d'un seul brin de paille" de Fukuoka, malgré que ce livre ait été écrit il y a plus de 30 ans, il me surprend, m'émeut, me bouleverse même! C'est un des piliers de la permaculture, mais ce livre ne parle pas que de culture, il traite de façon intelligente de la société, des hommes et de leurs faux désir (des beaux légumes, ou des bons légumes?), de simplicité, de santé, d'éducation, de savoirs, de sciences (il affirme le non-savoir et développe une agriculture du non-agir, juste énorme). Ancien scientifique, Fukuoka choisit d'essayer de ne pas faire: "et si on ne cultive pas le riz dans l'eau?" et "si on ne repique pas les plants?", et "si on ne laboure pas la terre?"...Pour arriver à prouver que ce que la plante a besoin, c'est d'un sol vivant, fertile. Depuis tout ce temps on sait cela et malgré ça on continue à labourer et user la terre. On ne pense qu'à la production. Cette faiblesse (bêtise?) humaine est la même pour tous les domaines de la vie. On a le regard trop "scientifique", à tout décortiquer, analyser, séparer les choses de leur globalité et ne pas voir les interactions, les "effets papillon" de nos actions, se concentrer uniquement sur les résultats à court terme.... Notre planète entière, du sol à l'atmosphère, se trouve menacée à cause de cela. Mais il y a une prise de conscience, des initiatives qui se mettent en place partout dans le monde.


Mes prochaines lectures: "Le jardin naturel" de Jean-Marie Lespinasse, "Le manuel des jardins agroécologiques" écrit par un collectif de jardiniers autour de Pierre Rabhi et "Le sol, la terre et les champs" de Claude et Lydia Bourguignon, les spécialistes agronomiques du sol, que j'avais découvert en allant voir au cinéma l'excellent film documentaire "Solutions locales pour un désordre global" de Coline Serreau.














 On peut regarder le film de Coline Serreau "Solutions locales pour un désordre global" ici:





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